Conversation avec Malek Bensmaïl animée par Romain Lefebvre, enseignant, critique (Cahiers du Cinéma, Images documentaires)
L’œuvre documentaire de Malek Bensmaïl met en lumières des périodes importantes de l’histoire de l’Algérie. Il peint les contours d’une humanité sensible et complexe. Chaque film donne lieu à une écriture cinématographique singulière. Chaque film est un fragment d’une réalité, d’un territoire. Chaque film ouvre sur des questions plutôt que sur des réponses.
Lors de cette rencontre, le réalisateur retracera son parcours de cinéaste à partir d’extraits de ses films, pour explorer le processus créatif et le rôle de l’art documentaire dans son cinéma.
Filmer l’Algérie pour documenter et archiver, un devoir de mémoire
« Le documentaire n’a jamais vraiment existé en Algérie, en dehors des films de propagandes sur la révolution agraire sous Boumediene, ou de films sur la langue… Un message à faire passer auprès de la population. Mais le vrai documentaire dans le sens du documentaire ouvert sur la société, avec des thématiques sociologiques, sociétales, politiques et autres, ça n’existait pas. J’avais ainsi sans le vouloir cette envie de combler ce manque, pour moi, pour le public, et pour que mes enfants puissent connaître en profondeur toutes les strates de ce pays, sa temporalité. En les voyant, on comprendra ce qu’il s’est passé en 90, en 92, en 94, en 96… Je marque des temporalités régulières pour qu’il n’y ait plus de trous. L’amnésie a été générale autour de la véritable histoire de la guerre d’Algérie. Et par la suite dans les années 80/90, même chose. Et quand on est rentré dans la décennie sanglante c’est devenu une guerre sans images aussi. J’étais peut-être l’un des rares qui continuaient à tenter de faire des films sur cette période-là. »
Malek Bensmaïl
(Extrait de l’entretien mené par par Olivier Barlet pour le festival d’Apt, le 17/02/2020)