Samedi 29 Novembre – Le Fresnoy (Tourcoing)

Leila et les loups de Heiny Srour (90 min, 1984) 14H30

VO arabe sous-titrée français

Prix SHASHAT au Festival SHASHAT de Ramallah
Grand prix du meilleur film Mannheim International Film Festival, première en R.F.A.
Prix de l’Organisation internationale Catholique du Cinéma Festival de Carthage JCC

Résumé

Film prophétique et d’une actualité brûlante. Leila étudiante libanaise voyage à travers le temps et l’espace pour réfuter la version coloniale et masculine de l’Histoire présentée par son amoureux Rafic. Son voyage commence sous le Mandat Britannique des années vingt et finit dans la Guerre Civile libanaise. Seul film de cinéma à survoler 80 années d’histoire au Proche Orient d’un point de vue féministe, Leila et les loups procède à l’excavation archéologique de la mémoire collective des femmes palestiniennes et libanaises et révèle leur rôle occulté. Au bout de son voyage Leila réalise que le Patriarcat opprime également les hommes.

Leur Algérie de Lina Soualem

Séance

Le Samedi 29 novembre, 14h30

Présentation du film par Romain Lefebvre (enseignant et critique – Cahiers du cinéma, Images documentaires)

Séance : 4€ (dans la limite des places disponibles)

Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains
22 Rue du Fresnoy, 59200 Tourcoing

à propos de

« Le cœur du film reste la place des femmes durant les conflits armés. Pourquoi ce choix de sujet et quelle importance revêt-il à vos yeux ?
Depuis la nuit des temps, dans le monde entier, on demande toujours aux femmes de « participer » aux changements sociaux, car on a besoin d’elles pour accélérer à la prise de pouvoir. Elles se précipitent, bien trop contentes de quitter leurs rôles traditionnels. Mais dès que la nécessité de leur aide est passée, les hommes oublient qu’elles sont des citoyennes intelligentes et les renvoient cyniquement à leurs casseroles et leurs chaînes d’antan.
Dans Leila et les loups, j’ai survolé huit décennies d’engagement des femmes dans des circonstances historiques variées, des insurrections contre les colons britanniques en Palestine dans les années 1920 à leur participation aux barricades de la lutte armée lors de la guerre civile libanaise, dans les années 1970-1980. C’était une manière de témoigner du prix élevé que les femmes paient pour leur engagement. Elles sont rejetées par la société et abandonnées par leurs amoureux qui préfèrent les mariages arrangés. Elles sont doublement sacrifiées, quel que soit leur bord politique. »

Heiny Srour – Interview pour L’Orient le Jour (tiré du dossier de presse)

Festival

Festival Il Cinema ritrovato à Bologna (2023)
Festival Toute la mémoire du monde à la Cinémathèque française (2022)
Mostra Internazionale d’Arte Cinematogra_ca la Mostra di Venezia (2021)
Film Festival Courtisane/Gent Belgique 
(2021)
Prix SHASHAT au Festival SHASHAT de Ramallah 
(2011)
Décade des Femmes des Nations Unies (1985)
Prix Hani Jawhariyyé – Festival de Carthage JCC 
(1984)
Prix de la meilleure musique de Film – Festival de Bastia 
(1984)
Grand prix du scénario de la Francophonie (ACCT / OIF, 1979)

Fiche Technique

Liban / France / Angleterre / Belgique / Pays-bas / Suède
– Avec Nabila Zeitouni, Rafiq Ali Ahmad, Raja Nehme
– Producteur : Heiny Srour

Scan en 2K, restauration par le Laboratoire du CNC pour l’image et étalonnage, numérisation et restauration du son par L.E. Diapason

Bio

Heiny Srour

Je viens d’une famille libanaise, de confession juive. J’ai débuté comme enseignante et journaliste, tout en bataillant contre les mariages arrangés. J’ai arraché à mon père la permission de bénéficier d’une bourse d’études française pour un Doctorat d’Anthropologie à la Sorbonne. C’était, en fait, un paravent pour mes ambitions cinématographiques car il n’y avait pas de bourse d’études de cinéma pour les femmes à cette époque. J’ai profité de ce passage en France, pour participer à la petite section audiovisuelle, fondée par Jean Rouch à Nanterre.

Entre 1971 et 1974, j’ai réalisé mon premier long métrage, L’Heure de la libération a sonné, tourné en pleine Guerre du Dhofar, insurrection conduite par le Front Populaire de Libération du Golfe Arabe Occupé (FPLGAO), opposé à la présence des troupes britanniques à Oman. Durant le tournage, mon équipe et moi avons franchi à pied 800 kilomètres de déserts et de montagnes, sous les bombes de la Royal Air Force. J’ai pu réaliser ce film uniquement parce le FPLGAO était d’un féminisme extraordinaire, chose rarissime dans la gauche arabe … et ailleurs.

Il a été, en 1974, le premier film réalisé par une femme du « tiers-monde » à être sélectionné au Festival de Cannes. Je ne remercierai jamais assez la Cinémathèque française et le CNC de l’avoir restauré, il y a quelques années. Mais, pour la réalisation de ce documentaire, je m’étais endettée financièrement et c’est comme ça qu’en 1975 je me suis retrouvée sans le sou à Londres lorsque j’ai appris la fermeture de l’aéroport de Beyrouth en raison de la guerre civile. Bloquée sur le sol britannique, j’ai dû apprendre l’anglais et gagner péniblement ma vie.

 

Filmo :
– Rising above : Women of Vietnam (1995)
– Les Yeux du cœur (1994)
– The singing Sheikh (1991)
– L’heure de la libération a sonné (1974)