Prix du meilleur documentaire au Festival du cinéma d’auteur, Paris
Prix spécial du jury Festival des 3 continents, Nantes
Résumé
Le 1er novembre 1954, près de Ghassira, petit village perdu dans les Aurès, un couple d’instituteurs français et un caïd algérien sont les premières victimes civiles d’une guerre de sept ans qui mènera à l’indépendance de l’Algérie.
Plus de cinquante ans après, Malek Bensmaïl revient dans ce village chaoui, devenu « le berceau de la révolution algérienne », pour y filmer, au fil des saisons, ses habitants, son école et ses enfants. À travers les portraits de quelques habitants, Malek Bensmaïl réussit à prendre le pouls d’une Algérie rurale en laquelle résonnent toujours les cicatrices de l’Histoire.
à propos de
Presque tous vos films précédents interrogent sous des angles différents la société algérienne. L’école publique est le thème central du dernier.
Pourquoi ce choix ?
En tant que documentariste, je cherche à pénétrer au sein des institutions algériennes, à comprendre comme elles fonctionnent. J’ai précédemment filmé un QG de campagne pour le film « Le grand jeu », l’hôpital psychiatrique dans « Aliénations », et j’envisage également d’aborder un jour l’institution judiciaire. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas l’institution pour l’institution et mon point de vue est différent de celui d’un Frédéric Wiseman ou d’un Nicolas Philibert. Je veux comprendre et faire comprendre comment se fait la transmission entre ces lieux de pouvoirs (politique, administratif, bureaucratique..) et la population civile. L’école m’intéresse plus que tout car elle est le nœud gordien de cette transmission. Elle véhicule malheureusement aujourd’hui un conservatisme basé sur le nationalisme et la religion. Cela empêche la société algérienne de progresser et l’Etat ne semble pas en prendre conscience ou peut-être s’en accommode t-il ?
Comment se positionnent les deux instituteurs de votre film par rapport aux Pouvoirs Publics ?
Avant tout ils se battent avec beaucoup d’énergie et de sincérité mais peu de moyens (notamment une formation pédagogique insuffisante) pour essayer de conduire leurs élèves au collège. Ils sont entre deux eaux et doivent se démener avec cette idéologie nationaliste (et religieuse) officielle qu’ils doivent faire passer tout en sachant que ce n’est peut être pas le bon chemin. La confiance, le dialogue qui se sont instaurés entre nous durant cette longue période de deux années de repérage et de tournage leur a permis de comprendre que le film n’était pas « contre » eux mais « contre » un système défaillant et les a amenés à questionner surtout leur pratique. Cet échange culturel et ce questionnement sont pour moi le sens même de mon travail de documentariste. Je ne fais pas des films « sur » mais « avec » des gens.
(Propos recueillis par Catherine Merlhiot et Sylvie Reipau, service de la création du CNC, le 2 juin 2010)
Bio
Né à Constantine (Algérie) en 1966. Très jeune, Malek Bensmaïl tourne des films en super 8 et reçoit le premier prix national du film amateur en Algérie. Après des études de cinéma à Paris suivi d’une formation en Russie, dans les studios Lenfilm à Saint-Pétersbourg, en pleine pérestroïka alors que l’Algérie s’enfonce dans le drame de la décennie noire.
Tous ses films sont liés à l’histoire de son pays. Son style cinématographique dessine les contours complexes et sensibles de l’humanité. Pour le réalisateur, le cinéma est avant tout un moyen au service de la condition de l’être humain. Applaudis par la critique, ses films ont reçu des prix dans de nombreux festivals autour du monde.
Nommé en 2020, membre de l’Académie des Oscars.
Laureat de la Villa Kujoyama, Kyoto (Villa Médicis Asie 2009).
Filmo
2025, Meursault contre-enquête (Goncourt du premier roman 2015).
En cours de post-production du long-métrage de fiction, adaptation du roman de Kamel Daoud
2021, Toute l’Algérie du monde (54’)
2017, la bataille d’Alger, un film dans l’histoire (120’)
2015, Contre-pouvoirs
2012, Ulysse, le bruleur de frontières et la mer blanche du milieu
2012, de l’Algérie française à l’Algérie algérienne
2011, La Chine est encore loin (120’)
2010, Guerres secrètes du FLN en France (70’)
2004, Le grand jeu (90’)
2003, Aliénations (1h45)
2002, Algérie(s)
2001, Plaisirs d’eau ou les bains de ce monde flottant (76’)
2002, Dêmokratia (18’)
2001, Des vacances malgré tout (70’)
1998, Decibled (52’)
1999, Boudiaf, un espoir assassiné
1994, Territoire(s)